Le 27 mai dernier, sept membres de l’APUO se sont vus refuser l’accès à une réunion publique du Bureau des gouverneurs (BdG).
Dans le prolongement de l’érosion de la transparence, de la responsabilité et de la gouvernance collégiale opérée par l’administration centrale, l’accès à l’étage de la salle de réunion était interdit, les ascenseurs étaient désactivés et les cages d’escaliers étaient verrouillées pour bloquer l’accès du public à la réunion. Le personnel du Service de la protection a confirmé avoir reçu la consigne de ne permettre à aucun membre du public d’accéder à l’étage où se tenait la réunion, mais n’était pas été en mesure d’identifier l’autorité responsable de cette directive.
Conformément au règlement administratif n° 1, section 4.6 de l’université, « les réunions du Bureau sont ouvertes au public » à moins que le Bureau vote pour tenir la rencontre à huis clos1 pour discuter d’enjeux confidentiels, tel que précisé à la section 4.7. Depuis longtemps, des membres de l’APUO, tout comme d’autres membres de la communauté, assistent aux réunions du Bureau des gouverneurs de l’Université d’Ottawa afin d’observer les travaux de la plus haute instance décisionnelle du campus.
Comme nous l’avons expliqué dans notre Bulletin de mai, lors de la réunion du BdG du 29 avril, les membres observateurs/observatrices ont été choqué.e.s d’entendre le recteur Frémont informer les personnes présentes qu’elles « peuvent rester chez elles pour la prochaine réunion et l’observer en « streaming » sur Youtube ». Il convient d’ailleurs de noter que ces « livestreams » sont souvent audio uniquement.
Le 27 mai, le Bureau des gouverneurs s’est réuni dans une salle de l’édifice CRX pour, entre autres points à l’ordre du jour, discuter et voter le budget 2025-2026 de l’université. Des membres et du personnel de l’APUO ont tenté d’assister à la réunion, comme ils l’avaient fait lors de la réunion d’avril 2025, mais ont été accueilli.e.s par deux agent.e.s du Service de la protection et se sont vus refuser l’accès à l’étage entier où se tenait la réunion. Les membres ont été dirigé.e.s vers une salle de classe à Desmarais pour observer via YouTube « livestream », ce que l’APUO considère comme une alternative inacceptable.
L’APUO a écrit à la présidente du Bureau des gouverneurs pour lui faire part de nos inquiétudes quant à cette décision. La prochaine réunion du Bureau des gouverneurs aura lieu le mercredi 18 juin à 16 h. Vous êtes invité.e.s à vous joindre aux membres de l’exécutit et au personnel de l’APUO qui, une fois de plus, tenteront d’assister à la réunion en personne. Veuillez vous inscrire en envoyant un courriel à nicole@apuo.ca.
La gouvernance collégiale sous attaque
Les événements du 27 mai constituent une infraction flagrante au règlement administratif no 1 de l’Université d’Ottawa. Les membres de notre communauté universitaire ont le droit d’observer des prises de décisions qui ont un impact direct sur leurs conditions de travail et d’apprentissage. Un « livestream » est une piètre alternative qui empêche notamment les membres de la communauté du campus de bénéficier du droit de parole des membres du Bureau, un droit inscrit dans le Code Morin, le code de procédure utilisé par les instances décisionnelles de l’université. L’insistance de l’administration centrale à limiter les observateurs/observatrices à un « livestream » est non seulement sans précédent à l’Université d’Ottawa, mais constitue une attaque contre une gouvernance transparente, responsable et collégiale alors même que le gouvernement de l’Ontario s’en prend à l’autonomie des universités.
Le mois dernier, le gouvernement de l’Ontario a présenté le projet de loi 33 – Loi de 2025 sur le soutien aux enfants, aux élèves et aux étudiants – qui, en cas d’adoption, saperait l’autonomie des collèges et des universités en permettant à la province de réglementer les frais accessoires des étudiant.e.s (ce qui entraînerait fort probablement des coupes dans les services aux étudiant.e.s) et d’imposer de nouvelles politiques d’admission. Ces décisions sont habituellement laissées aux Bureaux des gouverneurs. Or, plutôt que de se battre pour défendre la gouvernance autonome des universités ontariennes, l’administration centrale de l’Université d’Ottawa a choisi d’aliéner davantage la communauté du campus en lui refusant l’accès aux instances décisionnelles de notre université. Dans le contexte des attaques provinciales plus larges contre la gouvernance universitaire, l’administration centrale devrait, maintenant plus que jamais, s’unir à la communauté du campus pour défendre notre université.
Dans leurs mots – Témoignages de membres présent.e.s le 27 mai
Pour conclure, nous vous invitons à lire les réflexions de vos collègues sur ce qu’ils ont vécu lorsqu’ils ont tenté d’observer la réunion du BdG :
« Sachant que le prochain budget serait discuté, je me suis rendu au pavillon CRX le 27 mai pour assister à la réunion du Bureau des gouverneurs. Dans le hall, un agent de sécurité se tenait près des ascenseurs et l’accès au sixième étage— où se réunissaient les gouverneurs— était restreint. L’entrée m’a été refusée et l’on m’a invité à suivre la séance à distance depuis le pavillon Desmarais. J’ai eu le sentiment d’être réduit au statut de citoyen de second rang. À mesure que la crise financière s’aggrave, la gouvernance collégiale s’érode elle aussi; après près de vingt‑cinq ans à l’Université d’Ottawa, j’ai récemment confié à un collègue qu’il y avait bien longtemps que je n’avais pas entendu prononcer le mot collégialité sur notre campus. » – Marcel Turcotte, École de science informatique et de génie électrique
« J’ai récemment appris que les réunions du Bureau des Gouverneurs étaient ouvertes au public. Après 20 ans de présence à l’UO, j’ai pensé qu’il faisait partie de mon devoir civique de me familiariser avec cette institution universitaire. En fait, j’ai interprété cette ouverture comme une invitation en ce sens. Une sorte d’encouragement à s’intéresser au bien commun. Cependant, l’accès à l’étage où avait lieu la réunion était bloqué et à l’entrée de l’ascenseur, une employée, appuyée d’un garde de sécurité, a reconnu que le public pouvait y participer mais qu’elle avait reçu l’ordre explicite d’en bloquer l’accès, sans donner de raison. » – Louise Hotte, Département de science économique
« Si le BdG n’a pas d’objection à diffuser la réunion en direct pour en rendre les discussions publiques, de quoi a-t-on peur au point de se barricader des professeurs (et parfois d’anciens collègues)? À la précédente réunion du BdG, les professeur.e.s avaient calmement écouté, puis sont partis. Ce n’est pas comme si nous étions venus avec des bâtons et des klaxons pour perturber la réunion et intimider le BdG… Les manoeuvres pour se débarrasser de l’auditoire en changeant l’heure à la dernière minute, puis en déplaçant la réunion dans un local rendu inaccessible à moins d’avoir une carte pour déverrouiller l’ascenseur, alors que les réunions sont censées être publiques, trahissent une attitude patronale face aux professeur.e.s qui est déplorable et n’encouragent pas un climat d’échange favorable aux négociations de renouvellement de la convention collective qui doivent reprendre en 2026. » – Un.e membre de la Faculté des arts
1. Le huis clos désigne les réunions ou les parties d’une réunion qui ne sont pas ouvertes au public en raison des questions qui y sont débattues. Le huis clos nécessite une motion et un vote.