Chères/chers membres,
Le 14 septembre dernier, un étudiant et employé noir de l’Université a fait l’objet de fichage de la part d’un agent de sécurité alors qu’il entrait dans sa résidence universitaire. Il s’agit du deuxième incident de fichage connu à se produire sur le campus en quatre mois. Nous condamnons vigoureusement le fichage de Wiliston Mason, et nous exhortons l’administration centrale à mettre un terme à cette pratique discriminatoire. De plus, nous demandons à l’administration centrale de mettre en œuvre les dix revendications présentées dans la lettre du Caucus des noir.e.s, des autochtones, et des personnes racisées de l’APUO publiée le 16 juin dernier, et de rendre publics l’ordre du jour et les procès-verbaux du Comité du recteur pour un campus exempt de discrimination.
Suite à l’incident de fichage qui s’est produit le 11 juin 2019, l’administration centrale a commandé une enquête externe qui a conclu que les agents du service de protection du campus qui avaient demandé à Jamal Koulmiye-Boyce de présenter une pièce d’identité ont fait du profilage racial et que la réponse du Service de protection n’était « ni proportionnelle ni raisonnable dans les circonstances ».[1] Le rapport souligne également la nécessité pour les agent.e.s des services de protection de recevoir « une formation nuancée et mise à jour régulièrement sur les questions relatives à la race, y compris la discrimination raciale ».[2] Nous exhortons l’administration centrale à fournir les ressources nécessaires pour s’assurer que cette formation soit livrée à tous les agent.e.s fournissant des services de sécurité sur notre campus.
Depuis l’incident du 11 juin, la Politique 33 – qui autorise les agent.e.s des services de protection à demander une preuve d’identité aux personnes sur le campus – a été révisée et des directives provisoires sur son interprétation ont été émises. Les directives provisoires permettent de continuer d’exiger des pièces d’identification des membres de la collectivité dans des circonstances particulières. Toutefois, l’interprétation de ces circonstances est toujours laissée à la discrétion des agent.e.s des services de protection et, de ce fait, ouvre la porte à d’autres incidents de profilage racial. L’APUO n’est pas satisfaite des directives intérimaires et demande instamment à l’administration centrale de mettre un terme à la pratique du fichage.
Le profilage racial, le fichage et le harcèlement des personnes noir.e.s, autochtones et racisé.e.s sont inacceptables et n’ont pas leur place à l’Université d’Ottawa. La Commission ontarienne des droits de la personne et la Cour supérieure de l’Ontario ont, par l’entremise de plusieurs décisions, qualifié d’illégale et d’inconstitutionnelle la pratique du fichage de rue. L’APUO ne voit donc pas pourquoi cette pratique devrait être encore possible, de quelque manière que ce soit, sur le campus.
À la suite de l’incident de fichage du 11 juin, le Bureau du recteur a mis sur pied un comité pour un campus exempt de discrimination. L’APUO s’inquiète de la manière très opaque dont ce comité fait son travail. Ce comité ne dispose pas d’une représentation adéquate des diverses parties prenantes, ne tient pas de réunions publiques et ne rend pas disponibles ses ordres du jour et procès-verbaux. Or, l’APUO est d’avis que les membres de notre communauté qui sont confrontés au racisme ont les perspectives les plus pertinentes pour s’attaquer au racisme systémique sur le campus. En fait, plusieurs de ces membres ont déjà pris le temps de réfléchir au racisme dans notre établissement et ont soumis à l’administration centrale des demandes qui pourraient favoriser un environnement plus sûr et plus inclusif pour les étudiant.e.s et les travailleurs.euses noir.e.s, autochtones et racisé.e.s. Le syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), la Black Student Leaders Association (BSLA) et plusieurs autres groupes d’étudiant.e.s ont fait écho à plusieurs de ces demandes, indiquant un assez large consensus parmi les personnes noires, autochtones et racisées de notre communauté sur les mesures qui pourraient être prises pour lutter contre le racisme systémique à l’Université d’Ottawa. Nous exhortons l’administration centrale à mettre en place un processus de consultation inclusif et transparent et d’écouter ces voix
Nous vous invitons à prendre connaissance et à signer la lettre lancée par quelques membres de l’APUO en réponse à l’incident de fichage de Wiliston Mason le 14 septembre dernier. La lettre sera envoyée au recteur Frémont le mardi 15 octobre à 15h.
[1] CODJOE, Esi, Investigation Report, University of Ottawa, June 12, 2019 Protection Services Incident, Turnpenney Milne LLP, p.33 (citation traduite par l’APUO) [2] CODJOE, Esi, Investigation Report, University of Ottawa, June 12, 2019 Protection Services Incident, Turnpenney Milne LLP, p.36 (citation traduite par l’APUO)