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Mise à jour sur l’Université Laurentienne

L’an dernier, l’Université Laurentienne est devenue la première institution publique à demander la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Cette décision de l’administration centrale de la Laurentienne a entraîné un processus de restructuration financière qui a mené à l’abolition de quelque 60 programmes, dont près de la moitié étaient offerts en français, et au licenciement de plus de 100 membres du corps professoral et du personnel. Au cours des douze derniers mois, deux enquêtes provinciales ont cherché à faire la lumière sur ces événements et leurs implications pour le secteur de l’éducation postsecondaire en Ontario.

Le 13 avril dernier, le Bureau de la vérificatrice générale (VG) de l’Ontario a émis un point de vue préliminaire très critique qui identifie plusieurs problèmes ayant conduit à la crise de 2021. Ces problèmes comprennent : 

  • Une mauvaise gouvernance universitaire et une mauvaise gestion financière de la part de l’administration centrale et du Conseil d’administration de la Laurentienne ;
  • Un manque de transparence et de coopération avec les associations de professeur.e.s et de personnel ;
  • Le sous-financement chronique des universités ontariennes ; et 
  • Une surveillance insuffisante de la part du ministère des Collèges et Universités (MCU).

Il est particulièrement révélateur de constater que, bien que l’administration de la Laurentienne attribue les problèmes financiers de l’institution aux « coûts excessifs du corps professoral », la vérificatrice générale note que ces coûts « ne dépassaient pas de façon significative ceux des universités comparables ». En revanche, elle ajoute que « les salaires et les frais élevés des cadres supérieurs ont eu une incidence négative sur la situation financière de la Laurentienne » (Point de vue préliminaire, p.5).

La deuxième enquête a été menée par la commissaire aux services en français de l’Ontario, Kelly Burke. Elle met en relief les manquements qui ont conduit aux coupes dans les programmes en français de la Laurentienne et aux violations à la Loi sur les services en français de la province. Le rapport de la commissaire, rendu public le 31 mars 2022, précise comment « […] l’université́, le MCU [ministère des Collèges et Universités] et le MAFO [ministère des Affaires francophones de l’Ontario] étaient au courant des problèmes financiers bien avant que l’université́ ne demande cette protection [de la LACC]. Si l’université́ et les deux ministères avaient réfléchi à leurs obligations respectives de protection des droits linguistiques en français lorsqu’ils ont pris connaissance des difficultés financières, ils auraient pu planifier la conformité́ à la Loi [sur les services en français]. » (Rapport de la commissaire, p. 36)


Les deux rapports montrent qu’une mauvaise gouvernance institutionnelle et une lente érosion du financement et des mécanismes de surveillance des établissements postsecondaires de l’Ontario ont eu des répercussions négatives disproportionnées sur le corps professoral, le personnel et les étudiant.e.s de la Laurentienne.
 
Les problèmes de l’Université Laurentienne ont conduit à des appels renouvelés du secteur postsecondaire ontarien pour une gouvernance réellement collégiale, un financement accru de la part des gouvernements fédéral et provincial, ainsi qu’une meilleure surveillance gouvernementale afin d’éviter que des problèmes similaires ne se produisent dans d’autres établissements.

L’APUO est solidaire de l’Association des professeures et professeurs de l’Université Laurentienne (APPLU)et, à la lumière de ces deux rapports, réitère sa position énoncée en avril 2021. Nous nous joignons à l’APPLU, à l’Union des associations de professeurs d’université de l’Ontario (UAPUO), à l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) et à plusieurs associations individuelles de personnel académique pour réitérer notre appel à :

  1. la démission immédiate des administrateurs principaux de l’Université Laurentienne qui ont contribué à cette crise et qui sont encore en poste ;
  2. un financement provincial immédiat et à long terme à l’Université Laurentienne pour mettre fin à sa demande d’insolvabilité et assurer son avenir.